2020-2021. Le tatouage confiné, les encres de tatouage de nouveau menacées
L'année 2020 se présente d'abord sous de bons auspices...
Le 19 janvier 2020, la nouvelle Charte du SNAT présente 9 principes sur lesquels tout adhérent professionnel peut s'appuyer : Cette 3ème édition, qui succède aux précédents textes de 2003 et 2010, vise à affirmer les valeurs du syndicat et des professionnels du tatouage qui les partagent et s'engagent à les respecter. Elle rappelle les principes fondamentaux pour une pratique professionnelle, créative et respectueuse de la loi, tout en proposant une éthique de l'apprentissage et de la concurrence.
Cette Charte introduit également le Manifeste pour le 10ème Art, qui a vocation à défendre notre vision du tatouage.
Le 29 janvier 2020, dans la continuité des actions locales encouragées par le SNAT depuis novembre 2019, une délégation du SNAT rencontre le député Benoît Potterie, suite à quoi une question écrite est adressée au Ministère de la Culture, concernant l'admissibilité d'un tatoueur créatif à la Maison des Artistes. Nous pouvions encore espérer, à ce stade, que d'autres élus allaient suivre cette initiative dans les mois à venir...
Le 12 février 2020, Tin-tin adresse à M. le Ministre de la Culture une invitation au Mondial du Tatouage, dont la 10ème édition est programmée du 13 au 15 mars 2020 :
Le contexte sanitaire s'aggravant de jour en jour, l'événement est interdit par le Préfet de Police de Paris le 7 mars 2020. M. Franck Riester décline naturellement l'invitation dans les jours qui suivent, mais se dit malgré tout "sensible à [notre] démarche" dans une lettre datée du 11 mars 2020. Le Mondial du Tatouage, reporté dans un premier temps du 16 au 18 octobre 2020, sera finalement et définitivement annulé en septembre 2020, à l'instar de nombreuses conventions de tatouage semaine après semaine.
La crise qui s'amorce relègue au second plan deux informations passées quasiment inaperçues en février 2020 :
# Les travaux menés par l'ECHA depuis 2016 sont en passe d'aboutir à un projet de règlementation européenne visant à restreindre certains pigments et substances des encres de tatouage... Des inquiétudes émergent notamment sur l'avenir des pigments bleu et vert.
# La norme européenne sur les Bonnes pratiques d'hygiène et de salubrité en matière de tatouage est publiée, au terme de 5 ans de travaux.
Le 15 mars 2020, le SNAT se fait écho de la déclaration émise la veille par le Premier Ministre, qui annonce "la fermeture de tous les lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays".
Le 16 mars 2020, un nouveau communiqué confirme la nécessité absolue et sans exception de fermer toutes les activités de tatouage pour une durée d'au moins un mois.
Dans les jours qui suivent, les tatoueurs se mobilisent pour faire don de leurs stocks de matériels et produits de protection aux professionnels de santé notamment : Gants, masques chirurgicaux, gel hydroalcoolique. Dans le même temps, les témoignages faisant état de pratiques de tatouage sauvages se mutiplient.
Pendant le confinement, le SNAT relais les hashtags #TatoueurConfine et #Coloriavirus entre autres : Faute de pouvoir tatouer, de nombreux artistes proposent illustrations, peintures, et coloriages gratuits pour les plus jeunes.
À partir du 31 mars 2020 et jusqu'à la fin des périodes de restriction administrative décrétées dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Covid-19, le SNAT communique toutes les informations pratiques pour l'accès aux différentes mesures d'aide disponibles au fil des mois, avec un accompagnement individuel de chaque adhérent en exprimant le besoin, notamment sur les modalités du fonds de solidarité ouvert aux professionnels et entreprises touchés par les conséquences économiques et financières des mesures de restriction en vigueur.
À la suite de la conférence de presse donnée le 19 avril 2020 par le Premier Ministre, Tin-tin, président du SNAT, adresse par courrier postal (RAR) et électronique, le 20 avril 2020, cinq lettres à : Monsieur le Premier ministre, Monsieur le Ministre des solidarités et de la santé, Monsieur le Ministre de l'économie et des finances, Madame la Ministre du travail et Monsieur le Ministre de l'intérieur.
Chacune de ces lettres vise, selon les spécificités de chaque Ministère vis-à-vis des stratégies de déconfinement alors encore en attente, à défendre la légitimité des professionnels à reprendre progressivement leurs activités de tatouage après le 11 mai, et la nécessité sanitaire et économique de cette reprise.
Toutes ces lettres mentionnent ou rappellent :
- la proposition d'un protocole sanitaire approprié à la lutte contre le Covid-19,
- le fléau du tatouage sauvage ou clandestin,
- les dons de matériels de protection (masques, gants, gel hydroalcoolique, etc.) massifs effectués par les tatoueurs pendant le confinement,
- l'audition du S.N.A.T. par le Haut Conseil de Santé Publique en octobre 2019,
- les travaux réalisés par le S.N.A.T. sur la norme européenne publiée en février 2020.
Ces courriers, bien que suivis d'un échange téléphonique (le 23 avril 2020 auprès du Ministère de la santé) et de relances par courrier électronique jusqu'au 8 mai 2020, aboutiront à de timides remerciements pour le protocole sanitaire adapté mis à disposition de l'ensemble de la profession... Et un ultime courrier du Ministère de l'Économie et des Finances daté du 18 août 2020 répondant aux "artistes tatoueurs" !
L'ensemble des courriers et échanges électroniques est consultable dans l'espace membres de notre site (Journal du SNAT, accès adhérents professionnels).
Le 29 avril 2020, le protocole sanitaire "Covid-19" proposé par le SNAT est mis à disposition pour la reprise des activités à partir du 11 mai 2020.
Le 21 octobre 2020, dans la perspective d'un projet de réglementation européenne évoqué en début d'année, et en parallèle de ses contacts et recherches sur le sujet, le SNAT diffuse deux questionnaires (tatoueurs + tatoués) afin de mieux connaître leurs choix personnels en termes de couleurs de tatouage, et tenter de comprendre les enjeux qui se jouent au niveau européen. Ces questionnaires sont ouverts jusqu'au 31 décembre 2020.
Le 30 octobre 2020, bien que les studios de tatouage n'aient constitué aucun cluster épidémique et que toutes les précautions d'hygiène aient été prises dans un tel contexte, ils font l'objet d'une nouvelle fermeture administrative nationale, à l'instar de nombreux commerces "non essentiels"...
Le Ministre de la Santé est sollicité le jour même, mais aucune réponse, même partielle, ne sera donnée dans les semaines qui suivent.
Le reconfinement et les dernières décisions du Gouvernement étant considérés par beaucoup arbitraires, incompréhensibles et/ou injustes, notamment en contraignant à la fermeture les commerces de proximité jugés "non essentiels", dont évidemment les studios de tatouage, le SNAT appelle les professionnels du tatouage à interpeller leurs élus : Maires, députés, sénateurs... Afin de témoigner de la situation critique qui pèse sur de nombreuses entreprises, défendre la légitimité des professionnels du tatouage à reprendre le travail dès que possible, et alerter contre le fléau du tatouage clandestin amplifié par les conditions du reconfinement. Un dossier complet met à disposition les différents échanges et lettres adressés depuis le 30 octobre aux Ministres de la Santé et de l'Économie.
Dans un contexte incomparable avec celui du printemps, la compréhension et la solidarité du premier confinement cèdent la place à la confusion et la colère.
Le 28 novembre 2020, après 4 semaines de reconfinement, les studios de tatouage ré-ouvrent leurs portes.
Dans la même période, et malgré une focalisation contrainte sur la situation sanitaire et économique exceptionnelle, le SNAT mandate Alexia Cassar, désormais conseillère technique et scientifique du syndicat, pour une analyse détaillée du rapport européen de 500 pages "Annex XV" sur lequel le règlement de l'UE à venir sur les encres de tatouage doit se fonder.
Le 8 décembre 2020, suite à plusieurs refus d'attribution de l'AFE Covid (aide financière exceptionnelle de 500 ou 1000 euros) prévue par le CPSTI (Conseil de la protection sociale des travailleurs indépendants) pour tous les travailleurs indépendants et micro-entrepreneurs ayant fait l'objet d'une fermeture administrative en novembre 2020, le S.N.A.T. conteste ces décisions arbitraires et discriminatoire par courrier au Médiateur du CPSTI.
Les notifications de rejet faisant référence dans la plupart des cas à l'activité de tatouage ou au code APE 9609Z - lequel n'ayant aucune valeur légale -, le recours des tatoueurs est reconnu par réponse en date du 23 décembre : Le secrétariat du CPSTI permet même d'accélérer les recours des adhérents par le biais du Syndicat.
Le 15 décembre 2020, le règlement européen "modifiant l'annexe XVII du règlement (CE) n° 1907/2006 concernant l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH), en ce qui concerne les substances contenues dans les encres de tatouage et les maquillages permanents" est publié au Journal officiel de l'Union européenne.
Nos principales craintes concernent toujours les restrictions visant certains pigments vert et bleu, susceptibles de toucher, d'ici janvier 2023, 30 à 70% des gammes proposées actuellement par les grandes marques d'encres présentes sur le marché européen, mais plusieurs mois seront nécessaires pour comprendre l'ampleur des conséquences qui se profilent dès 2022...
En janvier 2021, une première pétition européenne est ouverte sur l'initiative de @Savethepigments : Malgré des difficultés techniques pour la soutenir, elle atteindra le chiffre historique de 178 201 inscrits, un nombre jamais atteint auparavant au Parlement Européen.
À partir de décembre 2020, des couvre-feux localisés puis nationaux succèdent au second confinement, avant d'aboutir à de nouvelles restrictions d'activité en avril 2021.
Le 5 février 2021, le SNAT adresse une nouvelle lettre au Ministère de la santé en complément à l'avis du Haut Conseil de la Santé Publique récemment publié.
Le 27 février 2021, un droit de réponse est demandé en réaction au dossier alarmiste sur les encres de tatouage publié par l'UFC-Que Choisir : Aucune réaction ne sera émise ni par l'association de consommateurs, ni par l'ANSM ou la DGCCRF, à qui les questions soulevées par le Syndicat ont également été transmises.
Le 19 mars 2021, le SNAT sollicite le Premier Ministre, le Ministre de la Santé et le Ministre de l'Économie sur l'exception accordée aux professionnels de la coiffure pour maintenir leur activité pendant les nouvelles restrictions entrant en vigueur localement : Malgré le protocole renforcé suivi par les tatoueurs, ceux-ci ne sont donc pas considérés de première nécessité.
Dès lors, l'incompréhension règne parmi les professionnels du tatouage qui, exerçant dans des conditions de sécurité exemplaires, estiment qu'un studio de tatouage constitue l'un des lieux les plus sécurisés qui soient.
En avril 2021, dans le contexte des restrictions de déplacements, les Musées du Mans proposent en visite virtuelle l'exposition "Tatoueurs, Tatoués", qui revient en France après avoir voyagé dans les musées de Toronto, Chicago, Los Angeles, Taïwan et Moscou.
Le 9 avril 2021, suivant l'initiative de @Savethepigments auprès de plusieurs associations en Europe, le SNAT sollicite 22 eurodéputés sur les inquiétudes suscitées par le nouveau Règlement européen sur les encres de tatouage, qui implique l'interdiction de 27 pigments et de nouvelles restrictions sur plusieurs substances essentielles à la qualité des produits.
Seule une attachée parlementaire confirmera une position bienveillante sur le dossier : Aucun autre parlementaire ne donnera suite à cette requête.
Du 24 au 26 août 2021, le 5ème Congrès européen de recherche sur le tatouage et les pigments met en évidence les graves problèmes qui s'annoncent dès 2022 avec l'entrée en vigueur du Règlement Reach.
Le 4 septembre 2021, le SNAT publie un communiqué détaillé afin d'alerter la communauté :
"Encres de tatouage, on est foutus ?"
Jusqu'à la fin de l'année 2021, le sujet est massivement relayé dans les médias français et européens, pendant que fabricants et distributeurs communiquent peu, voire pas du tout, sur l'impact du Règlement Reach sur leurs catalogues à l'horizon 2022.
Le 13 décembre 2021, Tin-tin adresse une lettre au Président de la République... Les travaux du syndicat et les difficultés de la profession sur la question des encres ne font que commencer...
Le 21 décembre 2021, l'évaluation juridique mandatée par le CETA* (Council of European Tattoo Associations) et co-financée par le SNAT, démontre que :
1️⃣ les restrictions définies par le Règlement Reach n'ont PAS été adoptées conformément à l'obligation préalable d'évaluation des risques,
2️⃣ les études préalables n'ont prévu aucune solution de remplacement aux encres devenues de fait interdites, contrairement aux exigences règlementaires européennes.
Le SNAT, comme chaque association membre du CETA, adresse cette évaluation à ses euro-députés.
* Évaluation disponible sur demande à contact@snat.info
2022-2024 Le chaos annoncé des encres de tatouage
Quelques heures avant la fin de l'année 2021, après des mois de courriers et d'e-mails adressés...
2017-2019. Ouverture au Ministère de la Culture
Le 17 janvier 2017, Le Parisien dévoile en exclusivité le sondage IFOP sollicité par le SNAT à...
2014-2016. Le 10ème Art entre au Musée !
Dès le 7 janvier 2014, le SNAT diffuse massivement sa pétition pour un statut d'artiste...
2013. Les encres de couleur menacées
2013. L'histoire de 2008 se répète : Le 16 janvier, le SNDV (Syndicat de dermatologues) publie...
2010-2012. Le SNAT se renforce avec le soutien de nouveaux adhérents
Janvier 2010 donne une impulsion nouvelle au SNAT.Un nouveau site web plus complet est mis en...
2008-2009. La réglementation sanitaire se met en place
Le 18 janvier 2008, SNAT et SPPF diffusent simultanément des communiqués de presse dénonçant les...