2005. Les tatoueurs manifestent pour sauver leur activité
Après un silence ministériel de plusieurs mois, le SNAT apprend, le 7 octobre 2005, par une communication émise sur un site Internet provisoirement créé (tattoovigilance.org), qu'une réunion s'est tenue le 22 septembre 2005 à l'initiative de l'AFSSAPS (aujourd'hui ANSM), dans le but d'approuver un projet de "Bonnes pratiques de fabrication des produits de tatouage". Ont été réunis des membres de l'AFSSAPS, un représentant du Ministère de la santé, cinq représentants du "maquillage permanent", ainsi que deux fabricants d'encres de tatouage (dont l'un est à l'origine du site tattoovigilance.org).
Le compte-rendu diffusé par "tattoovigilance" mentionne que c'est "en l'absence de représentation professionnelle" que les deux fabricants "se sont placés en porte-parole de 6842 [?!] confrères tatoueurs français". Le SNAT et tous les tatoueurs français ont été purement et simplement occultés de la situation... Le compte-rendu rapporte également que les "questions relatives aux instrumentations, aiguilles, aux fournitures, aux locaux, aux qualifications, aux labels, aux garanties de confidentialité de l'AFSSAPS" ont été "systématiquement détournées ou plus ou moins adroitement éludées". Quant à la question budgétaire, relative à l'adaptation des locaux actuels aux futures normes, le représentant du Ministère de la santé a répondu, selon le même compte-rendu : "Les subventions ou facilités de crédit sont abandonnées, vous êtes trop petits et en l'état, pas assez représentatifs". Au rappel du second fabricant sur l'existence du SNAT, le verdict du représentant ministériel est resté dans les mémoires : "Vos syndicats sont inexistants. Ils s'installent pendant six mois, puis se disloquent."
Un dernier aspect surprenant interpelle le syndicat. Il concerne le projet de "Bonnes pratiques de fabrication des produits de tatouage" : "Ces textes franco-français, s'ils sont adoptés par le Conseil d'Etat, seront rapidement communiqués au Conseil de l'Europe comme texte de référence pour une mise en application communautaire envisageable dans les autres pays de la CEE dans les trois années à venir." Tout le monde ignorait que les projets français pouvaient constituer une référence pour la communauté européenne... C'est donc à l'issue de cette réunion que l'un des fabricants décide de constituer un second groupe officieux de tatoueurs (jamais été formalisé par la création d'une structure, associative ou autre), représenté par le très éphémère "tattoovigilance.org".
Le bureau du SNAT, informé de la tenue de cette réunion seulement deux semaines après, décide rapidement de diffuser un communiqué sur son site Internet, dans lequel il constate "le non-sens du discours politique, le total mépris pour les multiples sollicitations des tatoueurs à être associés à un projet commun, ainsi que le déni de tous les communiqués du SNAT en direction des médias (presse, télé, radio) et l'indifférence des autorités sanitaires envers les différents appels lancés par le SNAT." Le syndicat confirme une déclaration émise par le représentant de Tattoovigilance : "L'action collective et la solidarité sont aujourd'hui plus qu'indispensables !". Il annonce alors sa décision d'organiser une manifestation des tatoueurs et des tatoués à Paris, afin "d'exiger d'être reçus et entendus". Dans le même temps, il lance une campagne de sensibilisation de l'opinion publique, invite tatoueurs et tatoués à solliciter leurs élus, et prépare un rapport complet à destination des politiques. Le dossier de 44 pages, rédigé par Karine Grenouille, secrétaire du SNAT, retrace la situation du tatouage et des tatoueurs en France ("Hygiène, Statut, Règles communes : des revendications de longue date"), relu et validé par différentes personnalités du tatouage français. Le samedi 3 décembre 2005 est une date historique pour le tatouage français. On est au Ministère de la Santé à Paris, il est 14h. Les premiers manifestants arrivent timidement, le temps est froid et pluvieux, les forces de l'ordre sont au rendez-vous... Petit à petit le groupe s'étoffe, les banderolles se lèvent, un tatoueur arrive en renfort avec son porte-voix : Christian de Belleville est l'animateur improvisé de la manifestation... 150 à 250 personnes ont fait le déplacement : Un chiffre plutôt faible en regard du nombre supposé de studios ouverts en France, mais cette fois c'est bien la "qualité" des noms présents qui fait de cette date un fort symbole pour le tatouage français. La majorité des manifestants ont en effet traversé la France pour être présents. Parmi eux, notamment : Tin-Tin, Rémy d'Etampes, Dimitri (St-Germain-en-Laye), Blaise, Sacha, Issa, BB'R, Navette, Pascal (L'Homme Illustré), Franck du Havre, Laura Satana, Stéphane Chaudesaigues, Denis GRRR, Greg de Monkey Studio, Julien de Fréjus, Fabrice (Sreaming Needle), Alex du Tattoo Syndicat (St Laurent du Var), Jack Ribeiro (Metz), Vincent (Nantes), Crazy Tattoo (Annemasse), Body'n'Soul (Cognac), Pic Art Tattoo (Chauny), Mystic Tattoo (Grenoble), Steel Box (Montpellier), Titi Style Tattoo (Annemasse), Aspic Tattoo (Bayeux), Atypic Tattoo (La Roche/Yon), Fred Laverne, Didier Ra, Atyka (Toulouse), Attentat Dermik (Loire Atlantique), Bop'John (Bourges), Bernard Soufflet, Gégène Tattoo (Montargis), Tewfick Tattoo (Angers)... Jamais la profession ne s'est autant mobilisée autour d'un objectif commun. Les plus courageux, une dizaine de tatoueurs ou tatoués, n'hésitent pas à affronter le froid de décembre pour dévoiler leurs corps encrés. Après deux heures de manifestation hivernale, un représentant ministériel accepte une rapide entrevue avec le président du SNAT, qui lui remet les pétitions rassemblées depuis plus d'un an, et obtient un rendez-vous, programmé quelques jours plus tard, avec les responsables du dossier à la DGS. Les manifestants se dispersent finalement vers 16h30, la plupart se retrouvent au chaud autour d'un verre, histoire de faire durer le rassemblement. Ceux qui sont venus de loin repartent vers la gare pour ne pas rater leur train retour.
La journée du 3 décembre représente concrètement le souhait des fondateurs du SNAT : Fédérer les tatoueurs autour d'une cause commune pour obtenir l'attention des pouvoirs publics. Car l'attention de la DGS est désormais acquise. Ce rassemblement n'a pas été vain, mais il n'est qu'une étape. Comme le remarque très justement Jérôme Pierrat, dans l'édito de Tatouage Magazine n°48 (janvier/février 2006) : "Finalement de quoi se plaignent-ils ? Un syndicat... Le droit de manifester... Ne serait-ce pas là une vraie reconnaissance sociale, voire le début de la fin de la marginalité ?" Le 12 décembre 2005, Tin-tin et Rémy sont reçus par la Direction Générale de la Santé à Paris. Ils demandent à faire entendre la voix des tatoueurs sur le contenu du projet de réglementation préparée par la DGS sur les conditions d'hygiène de leurs pratiques et sur l'équipement de leurs studios. Les représentants ministériels indiquent cependant aux tatoueurs que la procédure réglementaire est en marche depuis plusieurs mois : la publication d'un décret est déjà programmée pour la fin de l'année. Le discours persiste donc : la profession est inexistante légalement (au contraire des esthéticiennes par exemple, qui ont elles été consultées), la consultation des tatoueurs et des perceurs ne peut constituer une entrave à la validation des textes. La DGS accepte cependant de communiquer immédiatement le texte du projet au SNAT et lui "donne" dix jours pour apporter ses éventuels commentaires écrits : le texte doit être "bouclé" pour Noël... On peut relever que le SNAT, à l'occasion de cette réunion, transmet à la DGS les différents communiqués du groupe Tattoovigilance, pourtant absent et opposé à la manifestation qui s'est tenue il y a quelques jours. Le syndicat communique enfin son dossier sur la situation du tatouage français. Les jours qui suivent, il s'attelle à la lecture détaillée des textes qui lui ont été confiés. Le déchiffrage du document règlementaire est relayé en temps réel sur le forum en ligne du syndicat afin de relever les commentaires des adhérents. Les projets annotés, accompagnés d'une synthèse de lecture, sont transmis au Ministère le 19 décembre 2005. Le 22 décembre 2005, la DGS prend acte des commentaires du SNAT sur les textes : à l'issue de la réunion, elle décide de reporter la finalisation du projet règlementaire afin d'examiner les différentes propositions des tatoueurs. Le SNAT est donc parvenu à convaincre les responsables du dossier de la nécessité d'une révision des textes, et a empêché in extremis le vote d'une règlementation inadaptée, qui aurait signé la mort des studios ou leur retour à la clandestinité. Quelques jours plus tard, Tin-tin adresse ses remerciements au Dr Yves Coquin, interlocuteur ministériel des deux précédentes réunions.
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