Quand on cherche, on trouve !
Des chercheurs suédois ont alimenté la légende tatouage & cancer dans une nouvelle étude* concluant à un risque accru de lymphome chez les personnes tatouées.
Les personnes tatouées pourront plutôt en conclure que la mauvaise foi scientifique n'a pas de limite, et qu'ils n'ont toujours pas plus d'inquiétude à avoir que les personnes non tatouées...
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MISE À JOUR 16 octobre 2024
La réponse du Dr Nicolas KLUGER sera publiée dans les Annales de Dermatologie et de Vénéréologie (décembre 2024) :
A recent study on tattoos and lymphoma does not support a possible association
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CONSTAT
La question de départ étant : Le tatouage augmente-t-il le risque de lymphome ?
Les chercheurs ont recueilli les réponses de :
- 1398 personnes ayant déjà présenté un cas de lymphone
- 4193 personnes n'ayant jamais été diagnostiqués pour un lymphome
Ils ont constaté que la proportion de personnes tatouées était plus importante dans le premier groupe (21%) que dans le second (18%).
C'est un constat a priori incontestable... Sauf qu'il ne prouve rien.
D'autant que l'étude visait 11 905 personnes au total : Seule une petite moitié a répondu... On ne saura jamais si l'autre moitié aurait obtenu les mêmes scores.
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ENSUITE ?
Conscients du fait que ce constat de fait ne suffisait évidemment pas à répondre à leur question de départ, les chercheurs ont ajusté le "risque" selon des variables statistiques et ont obtenu le chiffre de 1,21 = supérieur à 1 de 21% (c'est un hasard - quoi que ? - si le pourcentage constaté ci-dessus est le même !).
C'est là potentiellement un chiffre inquiétant, et largement relayé par les médias qui se sont contentés de retranscrire le communiqué des chercheurs, sans être en capacité de lire et analyser les 14 pages de l'étude :
Or c'est bien dans le détail que les réelles informations se trouvent.
Les chercheurs n'ont pas lésiné sur le recueil de statistiques : Taille, nombre et couleur des tatouages, etc... Ils ont veillé à comptabiliser les fumeurs (anciens et actuels) et les non-fumeurs, ainsi que certains métiers plus exposés à des risques pour la santé, mais on trouve aussi le niveau d'études, le statut marital et les revenus du ménage des participants...
Sur la base de ce gros sac de données, ils ont fait un tas de calculs savants et ont fait leur travail en indiquant notamment l'"intervalle de confiance" et la "probabilité critique" (valeur-p ou p-value) pour chaque lien supposé.
Ces notions mathématiques requièrent un calcul compliqué qui permet de définir une sorte de marge d'erreur : C'est là que ça devient magique (merci au Dr Nicolas Kluger pour ses explications** !)...
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AUCUN RÉSULTAT SIGNIFICATIF
Dans cette étude, l'intervalle de confiance signifie que... Le résultat n'est justement pas significatif !
La valeur-p vient confirmer cette absurdité, puisque dans toutes les études statistiques dignes de ce nom, cette valeur doit être au moins inférieure à 0,05 pour prouver le lien que vous recherchez : Ici, toutes les valeurs-p sont supérieures à 0,05 !
Seule la modification des paramètres statistiques (Unmatched analysis) permet d'atteindre des probabilités acceptables (avec une valeur inférieure à 0,05) afin d'obtenir les constats attendus... Sauf que ça n'a aucune validité, ni en termes de preuve, ni en termes statistiques.
Concrètement, les chercheurs n'ont rien trouvé, et n'ont donc nullement démontré un risque accru de lymphome.
Toutes les valeurs de probabilité montrent...
Qu'aucun résultat obtenu n'est significatif !
Afin peut-être de compenser le lourd travail mathématique effectué, les chercheurs ont malgré tout communiqué leurs "suppositions" sans démontrer fermement quoi que ce soit.
Au contraire, l'article publié répète les termes "suggested", "suggest" ou "suggestive" à 8 reprises ; "seemed" ou "seems" 10 fois...
"Our results suggest that tattooed individuals have an increased risk of lymphoma which underscores the need for continued research into the long-term health effects of tattoos. Causality cannot be conferred from a single epidemiologic study and the results need to be confirmed by further research."
"Further epidemiologic research is needed to establish causality. The study underscores the importance of regulatory measures to control the chemical composition of tattoo ink."
Voilà une bien maigre propagande en faveur des règlementations déjà en vigueur : On n'ose imaginer la multiplication à venir de ce type d'études biaisées dont on ne retient que les grands titres, assorties d'un relais médiatique aveugle, qui causent toujours plus de tort à l'image des tatoueurs et des tatoués.
On suppose qu'il faut bien justifier le Règlement Reach qui écrase l'art du tatouage depuis janvier 2022...***
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* Possible association between tattoos and lymphoma revealed (24 mai 2024)
** Le Dr Nicolas Kluger a aisément démonté l'article dans une vidéo explicative - en anglais - de 9 minutes. Pas drôle mais très instructive :
*** Pourquoi les tatoueurs saisissent la justice européenne ?
Bonus pour les anglophones !
6 juin 2024
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Lien vers cette page :
http://www.snat.info/articles/150330-quand-on-cherche-on-trouve
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